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Changer de pelote

changement de pelote

J’adore le tricot, mais il y a tout de même des sujets qui fâchent.

Eh oui ! Et parmi eux : le changement de pelote.

Ah que n’ont-ils fait des pelotes énormes plus longues que nos tricots ?

Car je l’avoue, je n’aime guère arriver en bout de fil. Et le plus énervant, c’est lorsque, au milieu d’une belle pelote, grrrrr, un nœud, qui, comme par hasard, bascule sur l’endroit. On ne peut donc pas le garder, et on doit couper !!!

Donc qu’on le veuille ou non, il faut bien changer de pelote de temps en temps.

Mais comment s’y prendre pour que le changement de pelote soit efficace, solide, et surtout invisible ?

Je me suis lancée dans de grandes recherches. Et j’ai cherché dans les vieux bouquins, dans les magazines, dans les fiches tricots, sur internet. J’ai étudié et testé des manières de faire différentes, qui ont toutes leurs avantages et inconvénients. Si aucune n’est parfaite, elles ont chacune leur domaine d’application.

J’en ai répertorié 9, les principales. Il en existe certainement d’autres. Vous avez peut-être des pratiques personnelles différentes, innovantes, intéressantes. Alors n’hésitez pas à nous en faire part.

J’ai donc retenu :

  • le changement de pelote en bout de rang
  • le changement avec nĹ“ud
  • le nĹ“ud magique
  • le changement de pelote sur 1 maille
  • le changement de pelote oĂą l’on n’a pas de fil Ă  rentrer
  • le changement dit « invisible » et qui porte aussi le nom de joint russe.
  • le changement de pelote par enfilage
  • le changement de pelote par cordage
  • Et enfin, le changement de pelote avec feutrage.

Et j’ai fait 2 vidéos pour vous présenter toutes ces méthodes, que vous pouvez voir sur ma chaîne Youtube.  Cliquez ici pour voir la première partie, et ici pour voir la deuxième.

Et en cliquant sur les titres de chaque méthode, vous vous retrouverez directement positionné sur le chapitre correspondant.

 

1 – le changement de pelote en bout de rang  

Il est indispensable de connaître cette méthode, car c’est celle qu’on utilise lorsqu’on veut changer de couleur. Par exemple pour des rayures où en règle générale, on passe d’une couleur à l’autre en début de rang.

Mais on peut l’utiliser pour un ouvrage d’une seule couleur et certains changent systématiquement de pelotes en début de rang.

Avantage : aucune marque de ce changement sur le tricot.

Inconvénient : les fils doivent être rentrés dans la lisière ou près du bord.

Cette méthode est parfaite si le bord du tricot se cache dans une couture. Mais on voit l’impact de ce changement sur le bord, surtout si vous faites des mailles lisières spéciales.

Donc à déconseiller sur une bordure apparente, comme par exemple une couverture ou la bande de boutonnage d’un gilet.

Et bien sûr méthode inutilisable si l’on tricote en rond car je vous mets au défi de trouver le bord !

Il faut changer de pelote, dès que vous n’avez plus assez de fil pour faire votre rang.

Pour vérifier cette longueur on dit que :

« Si le fil est moins long que 3 fois la largeur du rang, il faut changer de pelote. »

Le principe est simple : on termine un rang avec une pelote et on commence le suivant avec la nouvelle pelote. Il faut tenir les fils pendant la manipulation puis lorsqu’on revient tricoter la première maille au rang suivant.

Il existe une astuce pour que les fils se maintiennent mieux entre eux et pour rendre ce changement un peu plus invisible. Il faut nouer le deuxième fil autour du premier avant de commencer à tricoter avec la seconde pelote et remonter le nœud au ras de la dernière maille. Ensuite vous tricotez avec ce nouveau fil, et plus besoin de maintenir les 2 queues de fil.

 

2 – le changement avec nĹ“ud

Faire un simple nœud pour réunir les 2 pelotes, puis tricoter, est à bannir. Car le nœud peut se retrouver par chance derrière mais il peut aussi être bien visible sur l’endroit. Et essayer de le déplacer n’est pas facile. Les débutants parfois utilisent cette technique, car c’est en effet très simple : on fait le nœud et on continue de tricoter. Il existe une solution curative que je vous présente dans la vidéo, et qui donne un résultat tout à fait satisfaisant, à condition d’avoir laissé de longues queues de fil. Il faut défaire le nœud, passer les fils sur l’envers, les séparer en les passant de part et d’autre d’une maille, faire un petit nœud. Il faudra à la fin rentrer les fils très proprement.

Si vous voulez vraiment faire un nœud pour passer d’une pelote à l’autre, il faut utiliser la même astuce que pour le changement en bout de rang. Juste après une maille, faites un petit nœud autour du fil de la pelote qui se termine avec la nouvelle pelote. Et placez la queue de fil sur l’envers de votre tricot. Puis continuer à tricoter. Après quelques mailles consolidez ce nœud en faisant un second nœud bien serré. À la fin, il faudra bien sûr rentrer les fils.

 

3 – le nœud magique

C’est magique en effet. En tout cas cette technique a le triple avantage d’être rapide, d’être plus que discrète à défaut d’invisible et on n’a pas à rentrer les fils.

En réalité ce nœud magique est constitué de 2 nœuds, très très serrés.

L’ancien et le nouveau fil sont posés côte à côte mais en sens inverse.

L’extrémité de chaque fil doit être noué autour de l’autre fil. Le sens des nœuds est très important. Ils doivent être de sens opposés. Si jamais vous les faites dans le même sens, la technique ne marchera pas. Ces nœuds doivent être très serrés.

Puis il faut tirer sur les 2 fils pour rapprocher les nœuds l’un de l’autre. Ils se bloquent mutuellement. Les bouts de fil peuvent alors être coupés le plus ras possible. Le fil est redevenu continu et la jonction est très solide.

Ce nœud, une fois tricoté, est bien difficile à localiser ! On le sent un peu au toucher.

NĹ“ud magique, technique magique.

Inconvénient : Elle ne s’adapte pas à toutes les laines.

Il faut des laines assez fines.

 

4 – le changement de pelote sur 1 maille

Cette technique est simple Ă  mettre en Ĺ“uvre et elle est presque invisible.

Et elle se fait à n’importe quel endroit sauf en bout de rang. Lorsqu’il ne reste que 8-10 cm de fil

on va prendre la nouvelle pelote et on va l’accoler à ce bout de fil, en sens inverse : la queue de fil vers la droite, la pelote vers la gauche.

Il faut coincer la queue de fil de la nouvelle pelote contre l’aiguille droite et tricoter la maille suivante avec les 2 fils accolés. On fait une maille avec les 2 fils en même temps. Puis on laisse tomber le bout de fil pour n’avoir plus que le nouveau fil de la nouvelle pelote.

Il n’y a donc qu’une seule maille double.

Sur le rang suivant, il faut bien sûr tricoter les 2 brins ensemble.

Les 2 queues de fil devront être rentrées plus tard.

Cette technique est relativement discrète. Cela dépend bien sûr du point, et de la taille de la laine.

Si vous faites du jersey, cette façon de faire n’est pas la meilleure. Mais dans des côtes, ou du point de riz ou de blé, enfin dans la plupart des points fantaisie c’est parfait.

Et cette jonction est solide même si on ne tricote qu’une seule maille avec les 2 fils.

Maille double + fils rentrés, c’est suffisant.

 

5 – le changement de pelote oĂą l’on n’a pas de fil Ă  rentrer

Le principe est le même que la méthode précédente sur 1 maille, si ce n’est, qu’au lieu de tricoter 1 seule maille avec les 2 fils, on en tricote environ 10.

Et au rang suivant, il faut tricoter Ă  chaque fois les 2 brins ensemble.

Ensuite, ô joie, on n’a plus qu’à couper les fils. Pas de fil à rentrer plus tard !

C’est, de mon point de vue, le seul avantage de cette méthode.

Car qu’on le veuille ou non, doubler la laine sur plusieurs mailles, ça laisse des traces.

C’est vraiment la façon de faire qui me plait le moins. Ça me fait penser à ma grand-mère qui lorsque petite je faisais de la couture me disais que je prenais des aiguillées de paresseuse parce que je prenais trop de longueur de fil pour ne pas changer de fil trop souvent.

Je trouve que ce procédé est un peu le changement de pelote de paresseux !

Il évite de rentrer les fils, mais le résultat n’est pas top.

 

6 – le changement dit « invisible » ou joint russe.

C’est certainement le plus long à mettre en place, mais il a l’avantage de ne pas avoir de fil

à rentrer à la fin. Il est extrêmement résistant, et quasiment invisible.

Mais on ne peut pas le mettre en pratique avec toutes les matières.

Cette méthode permet de changer de pelote n’importe quand.

Dès qu’il vous reste 20 à 30 cm, vous procédez à jonction de l’ancienne et de la nouvelle pelote.

Il faut replier et croiser les 2 brins. Les 2 boucles entrecroisées vont créer la continuité du fil.

Pour que cet assemblage tienne bien, il va falloir faire passer les bouts de fil repliés, à l’intérieur des fils, juste avant la pliure. Donc pour cette technique il faut être équipé d’une aiguille à laine avec un chas assez gros pour faire rentrer le fil mais pas trop gros non plus car va falloir passer à l’intérieur du fil.

Avec certaine matière, on ne peut pas faire ce travail. C’est la limite de cette technique.

Le résultat est excellent mais cette étape est un peu fastidieuse.

Lorsque la partie repliée est rentrée dans le fil, il faut faire ressortir l’aiguille et le fil. Il faut tirer sur le fil pour bien refermer la boucle autour de l’autre fil. Il faut ensuite étirez et lisser la portion de laine dans laquelle le fil vient d’être rentré pour aplatir le plus possible. Il faut que le fil reprenne le plus possible sa taille normale. Et ensuite on coupe le bout qui dépasse.

 

Par la suite dans le tricot, on voit à peine l’endroit où on a changé de pelote. Un tout petit peu car le fil est un peu épaissi mais ça reste plus que discret presque invisible.

 

7 – le changement de pelote par enfilage

Dans le mĂŞme esprit que le joint russe mais en plus simple.

Comme pour le joint russe, il faut une aiguille à laine avec les mêmes caractéristiques : un chas suffisamment gros pour accueillir la laine mais pas trop pour ne pas déformer le brin, car on va à nouveau passer à l’intérieur du brin avec notre aiguille.

Mais on va simplement mettre les pelotes bout à bout. On enfile la pelote finissante à l’intérieur du brin de la nouvelle pelote. On entre ainsi sur 6 à 8 cm. C’est un peu chirurgical comme opération. Il faut être précis et délicat. Lorsqu’on arrive au bout de notre effort on fait ressortir l’aiguille et son aiguillée. On tire sur les fils en tenant bien la queue du fil de l’ancienne pelote pour qu’il ne ressorte pas. Puis on roule la laine dans nos mains pour bien écraser la partie où c’est fait l’enfilage. On coupe ensuite à ras le bout qui ressort.

Ce changement de pelote est invisible et solide à l’usage, mais au moment de reprendre le tricot, cette jonction de fil n’est pas très solide. C’est le hic de cette technique.

Mais bien sûr avec cette méthode nul besoin de rentrer les fils.

 

8 – le changement de pelote par cordage.

C’est une méthode qui ne convient qu’au laine cordés. On prend les 2 extrémités des 2 pelotes : l’ancienne et la nouvelle, et on les croise.

Puis en les tournant ensemble avec les mains on va les câbler ensemble. Les brins vont se mélanger et reformer un seul et même brin. Et là encore, plus de fil à rentrer.

Mais la laine reconstituée sur la portion de jonction est plus épaisse puisqu’elle est fabriquée avec le double de fils.

On peut donc tout simplement désépaissir chaque bout en ne prenant que la moitié des brins torsadés et câbler les 2 parties affinées. Attention, car tant que cette portion recâblée n’est pas tricotée elle peut se défaire. Soyez vigilant tant que vous ne tricotiez pas avec le brin complet de la nouvelle pelote.

Mais une fois tricotée, cette jonction est vraiment solide et totalement invisible, même si pendant la réalisation on a l’impression que le fil est mal cordé et que l’on est en train de rater le changement de pelote.

L’inconvénient de cette méthode est la difficulté de la manipulation.

 

9 – le changement de pelote avec feutrage.

Voici une méthode qui ne peut se pratiquer qu’avec des fibres naturelles d’origine animale.

On peut le faire à n’importe quel endroit du tricot, et il n’y aura pas de fil à rentrer.

On ne peut faire ce changement qu’avec des fils de même couleur et de même nature.

Ce procédé est basé sur le feutrage de la laine, c’est pourquoi seules les matières naturelles peuvent l’utiliser. Alors bien sûr ça ne marchera pas avec de la laine superwash puisqu’elle a été traitée pour ne pas feutrer. Et ça ne fonctionne pas non plus avec coton, soie, ou acrylique qui ne feutrent pas.

Le principe est le suivant :

Vous avez d’un côté le bout de votre pelote qui se termine. On va le prolonger avec la nouvelle pelote en croisant les bouts sur quelques centimètres.

Il faut prendre les 2 bouts, les accoler et les mettre sur une paume de main. Puis il faut humidifier les mains ou les portions de laine avec de l’eau tiède.

Puis il faut frotter les 2 extrĂ©mitĂ©s des pelotes ensemble, les rouler entre les mains en appuyant fortement. Les 2 bouts vont s’assembler en feutrant.

Lorsque le feutrage est fait, et bien sec la jonction est solide.

Avec de la laine mèche, c’est le procédé idéal. La portion feutrée est un peu moins souple et douce que le reste du fil, et un peu moins volumineuse aussi.

Mais malgré tout, ce changement de pelote demeure invisible.

 

En conclusion :

Chaque méthode a ses avantages et inconvénients. Et chacune a ses limites.

Et chacun fait son choix parmi toutes ces solutions pour réussir au mieux son changement de pelote.

 

Pour ma part, je dirais que si le modèle tricoté a des coutures, la plus parfaite est le changement

en début de rang.

 

Mais si on tricote en rond ou un modèle sans couture, comme par exemple un gilet fait d’une seule pièce, les 3 meilleures pour moi, sont, dans l’ordre :

  • le nĹ“ud magique si la laine est assez fine,
  • l’enfilage que je prĂ©fère au joint russe car la portion de recouvrement des fils est plus courte donc encore plus discrète. Mais un peu plus difficile Ă  tricoter au moment de la reprise.
  • le changement sur 1 maille.

 

De votre côté vous avez certainement une préférence ?

 

 

 

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Commencer une pelote

bien commencer une pelote de laine


La moindre activité peut nous amener à nous poser des questions essentielles. Par exemple, « comment commencer une pelote ». C’est ça, rigolez !
Oui je vous vois derrière votre écran en train de vous dire que la Joueuse de Pelote est un peu zinzin.
Mais il n’empêche que cette question, sans être existentielle, est d’importance. Continuer la lecture de Commencer une pelote